La dernière exposition intitulée « en Résonances » ( 2019-2022 ) prolonge les pistes ouvertes par « Fictions du Regard » ( 2017-2018 ) ( 1 ) ; à la limite d’une abstraction féconde, elle explore le cœur de la matière photographique qui est avant tout LUMIERE, lumière révélatrice des matières et des couleurs. J’atteins à une approche « spectrale » de la vision du monde, à l’exemple des compositeurs qui dans les années 70-80 se réunissaient autour de l’ensemble l’ « ITINERAIRE » (Tristan Murail, Hugues Dufourt, Michaël Levinas, Gérard Grisey…), voyageaient au cœur du son et le recréaient en configurations inédites et insoupçonnables.
Abandon des cascades d’images, calme et épanouissement dans des vastes espaces vibrants. Et apparition de visages aux expressions contemplatives, comme des artéfacts d’un autre monde.
La découverte du travail photographique de Michaël Kenna m’a conforté dans ma recherche. Il introduit un autre espace dans la photo qui ralentit et étire le temps de la prise de vue. Il confirme que la rapidité n’est pas l’élément essentiel dans la construction de l’image, mais plutôt l’espace intérieur et très personnel qui habite le regard du photographe ( j’ai toujours habité au onzième étage, en bordure de la campagne ou près de la mer ). Travailler sur cet espace transforme le processus de création de l’image. La vitesse, la profondeur de champ, les logiciels informatiques, sont à son service pour arriver au plus près du résultat recherché.
L’ensemble de tableaux photographiques « RESONANCES » se compose de panneaux aux dimensions inhabituelles : 0,40m par 3 mètres , dont l’effet vibratoire est démultiplié par des grands miroirs de 2 mètres de long ( 2 ). On se sent transporté dans un autre monde, à l’exemple des « Iles Re-Sonantes » d’Eliane Radigue, compositrice pionnière, inspiratrice de la musique électro.
Ainsi toutes les formes d’expression artistique finissent par inter réagir selon des cheminements aléatoires qui s’enrichissent des sensibilités qu’ils traversent. René Char écrivait : « Déborder l’économie de la création, agrandir le sang des gestes…Comment vivre sans inconnu devant soi ? ».
Yves Phelippot – 2020-2023
-( 1 ) : les expositions précédentes figurent en entier dans le livre-catalogue « Voyages au-delà des Couleurs et des Mots » – poèmes de Jacques Berlioz-Curlet et d’Yves Phelippot – images Yves Phelippot – autoédition décembre 2019 – à commander sur : y.phelippot@orange.fr
-( 2 ) : l’exposition « RESONANCES » se compose de 17 panneaux verticaux hauts de 3 mètres et larges de 0,40m, et de 10 panneaux horizontaux longs de 2,50 mètres et hauts de 0,33m chacun. Tirages sur bâches photographiques pour les verticales, et sur dibond pour les horizontales. L’ensemble intègre aussi 5 miroirs métalliques plats ( 0,50m de large par 2 mètres de long ) et 5 miroirs métalliques ondulés de mêmes dimensions.